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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

copropriétaire. On leur demande si l’impôt ne pourrait pas être assis sur les consommations, et même sur les personnes par capitation ? Non, disent-ils, nous avons appelé cet impôt indirect, et nous avons décidé que tout impôt indirect est meurtrier et destructeur de la richesse et de la reproduction, Et pourquoi cela ? C’est qu’il tombe en dernière analyse et d’une manière toujours onéreuse sur les propriétaires des terres, et qu’il vaut mieux qu’ils le paient directement tout de suite, que d’une manière indirecte et plus chère. J’entends bien que ces messieurs affirment comme un principe incontestable que tout impôt n’est supporté que par les propriétaires, et que toutes les autres classes de citoyens ne payent jamais rien, quelque chargées qu’elles soient en apparence ; mais jamais l’évidence de ce principe n’a pu entrer dans ma tête de façon à ne me laisser aucun doute ; et je vois que je ne suis pas le seul esprit rétif qu’il y ait en France. La Société d’agriculture de Limoges, adoptant les principes des économistes ruraux, a proposé un prix à celui qui les développerait le mieux ; et il s’est trouvé un homme qui, en les développant, les a combattus. La Société n’a pas couronné son ouvrage ; mais elle l’a jugé utile, quoique l’auteur ait travaillé contre son vœu et ses principes. Cet ouvrage est intitulé Essai analytique sur la richesse et sur l’impôt, où l’on réfute la nouvelle doctrine économique qui a fourni à la Société royale d’agriculture de Limoges les principes d’un programme quelle a publié sur l’effet des impôts indirects. Volume grand in-8° de plus de quatre cents pages. On relève dans cet ouvrage plusieurs paralogismes de la Théorie de l’impôt, par M. le marquis de Mirabeau.

— Nous avions trois écrivains remarquables à force d’être ridicules ; mais ce nombre mystérieux n’existe plus. L’archidiacre Trublet se repose à l’ombre de ses lauriers dans le sein de sa patrie, à Saint-Malo. Il mérite d’être nommé comme la première personne de cette trinité, parce qu’il est très-supérieur aux deux autres dont je vais parler ; mais son affectation d’être fin et important dans les minuties l’a rendu très-ridicule. Cet écrivain subtil et bêtement spirituel n’a jamais placé une virgule sans y attacher quelque finesse. Le portrait que le Pauvre Diable a fait de lui est une chose immortelle qui ne périra qu’avec toute la littérature française ensemble. Tout ce que