Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M.  Désormeaux mérite une des premières places entre les écrivains médiocres et du second ordre. Son style est naturel et n’a aucun défaut choquant. Il a écrit une Histoire de la maison de Montmorency qui a eu du succès. Il vient d’entreprendre l’Histoire de Louis de Bourbon, second du nom, prince de Condé, premier prince du sang, surnommé le Grand ; mais il n’en a encore publié que deux volumes, qui finissent avec l’année 1650 : ainsi il en faudra au moins encore deux autres pour achever la vie de ce héros brillant et illustre. Jusqu’à présent le succès de ce nouvel essai de M.  Désormeaux paraît moins assuré que celui de l’Histoire de la maison de Montmorency ; il faut voir, lorsque le reste en aura été publié, quel sera le jugement définitif du public. Il est vrai que la plus belle plume de France n’eût pas été trop bonne pour écrire avec un certain succès l’histoire d’un héros du caractère du grand Condé. Les plans des sièges et batailles, dont M.  Désormeaux a fait orner son ouvrage, paraissent faits avec soin.

De l’Autorité du clergé et du Pouvoir du magistrat politique sur l’exercice des fonctions du ministère ecclésiastique, par M***, avocat au Parlement[1], Deux volumes in-12. Un avocat au Parlement qui entreprend de juger le procès qui subsiste depuis tant de siècles entre le clergé et le magistrat politique ne peut décider qu’en faveur du magistrat : c’est ce qu’a fait le nôtre. Aussi le clergé a-t-il sollicité et obtenu à la cour un arrêt du conseil d’État du roi, qui supprime l’ouvrage de l’avocat. On dit cet ouvrage bien fait ; mais la doctrine des deux puissances dans l’État est si absurde, si contradictoire, si remplie de subtilités et de sophismes, que je défie le meilleur esprit de s’en dépêtrer, sans rejeter entièrement l’usurpation des prêtres et cette puissance prétendue spirituelle qu’ils s’arrogent. Je défie aussi tout gouvernement qui tolère et reconnaît chez lui une puissance ou juridiction spirituelle de n’être pas continuellement harcelé par des disputes, et d’oser se promettre un instant de repos. Pour être tranquille alors, il faut ou secouer le joug des prêtres et les subjuguer, ou se soumettre en silence à leur despotisme.

M.  de Roussel, ancien officier dans les troupes du roi,

  1. François Richer.