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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/499

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Fables et Contes moraux en vers, par M. Fontaine. Brochure in-8° de cinquante-deux pages. Je ne connais pas ce M. Fontaine ; tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas La Fontaine ; ces fables ne sont cependant pas sans quelque mérite, mais la plupart sont trop longues. Le grand secret de l’art d’écrire, c’est de ne dire que ce qu’il faut :


Qui ne sait s’arrêter ne sut jamais écrire.


M. Linguet, avocat au Parlement, ne se borne pas à défendre M. Luneau de Boisjermain contre la communauté des libraires de Paris ; il vient de traduire un assez grand nombre de comédies espagnoles et de les publier sous le titre de Théâtre espagnol. Quatre volumes in-12 assez considérables. Tandis que M. Linguet parcourt les richesses littéraires de l’Espagne pour nous en enrichir, les libraires associés de l’Encyclopédie ont publié un mémoire contre son client Luneau, tendant à le poursuivre criminellement sur la calomnie répandue dans son dernier mémoire au sujet de la souscription et des sommes avancées par le public sur cet ouvrage immense. Il me semble que les libraires se lavent assez bien du soupçon d’avoir pris aux souscripteurs plus d’argent qu’ils ne devaient, et, en ce cas, M. Luneau est très-répréhensible : car, lorsqu’on se permet de telles accusations il en faut avoir les preuves les plus complètes. Mais laissons là Luneau et ses adversaires, et parlons de son avocat. Il faut que ce M. Linguet soit laborieux ; il s’exerce toujours en bien des genres. Le travail qu’il a entrepris sur le théâtre espagnol est intéressant. Il a raison de dire que les écrivains français du dernier siècle se sont surtout formé le goût et ont cherché leurs modèles dans les auteurs espagnols, et que les auteurs italiens du siècle de Léon X et les auteurs grecs et latins ont peu influé sur la révolution des esprits en France : cela est très-vrai. C’est donc rendre un service aux Français que de leur faire connaître les sources où les premiers de leurs écrivains ont puisé. Mais M. Linguet, en faisant à l’égard du théâtre espagnol ce que le P. Brumoy et M. de La Place ont fait, l’un à l’égard du théâtre des Grecs, l’autre à l’égard de celui des Anglais, devait s’attacher à ne point ressembler à ses prédéces-