Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/502

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AVRIL.
1er avril 1770.

Il nous est venu de la manufacture de Ferney un volume in-8° de près de quatre cents pages, intitulé les Choses utiles et agréables, tome second. Jusqu’à présent, personne ne connaît ici le premier tome[1], le second est un composé de plusieurs choses en effet utiles et agréables, mais dont la plus grande partie vous est connue. Tout n’y est pas non plus du patriarche, et il y a plusieurs morceaux de différentes mains.

On lit à la tête du recueil les Adorateurs, la Requête à tous les Magistrats du royaume, et la Défense de Louis XIV, trois petits écrits que le patriarche nous envoya successivement sur la fin de l’année dernière[2]. Ensuite on voit une fable turque, intitulée la Confiance perdue. Je ne la connaissais pas ; elle est assez étendue je la crois du patriarche, quoique l’éditeur dise qu’elle a été mise en vers par M. de Seneçay, premier valet de chambre de la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, et retouchée par M. de La Parisière, évêque de Nîmes. On lit ensuite plusieurs pièces publiées dans le temps du procès de Bélisaire. Vient l’Extrait du sermon prêché en 1768 dans la chapelle de la cour à Pétersbourg, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de Son Altesse impériale monseigneur le grandduc de Russie. Ce sermon contre le zèle fanatique des chrétiens, attribué à Platon, archimandrite de Troïtza, paraît avoir été dicté de la chaire patriarcale de Ferney. On lit ensuite le fragment d’une lettre de l’Impératrice de Russie sur l’aventure de l’évêque de Rostow, amateur du principe des deux puissances. Cette lettre très-édifiante a déjà été imprimée ; la lettre à Warburton est bien du patriarche, elle n’est pas tendre. Ce Warburton, qui, de son côté, écrit sans cesse contre le patriarche, peut passer pour son La Beaumelle d’Angleterre. Après une petite fable du patriarche, on lit un Discours en vers sur les disputes, par M. de Rulhière, que l’éditeur estropiant appelle M. de Lullier. Ce discours est imprimé ici pour la première

  1. Ce recueil forme trois volumes. Le premier est de 1769, et le troisième de 1771.
  2. Grimm a rendu compte de ces trois écrits, p. 378.