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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/512

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d’Italie ; d’où je conclus que son Voyage de Londres ressemble à son Voyage d’Italie, et l’en tient quitte en bonne forme. L’ignorance a ses gradations comme la science ; il y a des ignorances d’honnêtes gens et des ignorances de laquais : celles de M. Grosley sont de la dernière espèce. Dans son Voyage d’Italie, ses deux gentilshommes suédois, en parlant du comte de Bielke, alors sénateur de Rome, l’appelaient un gentilhomme allemand : ils auraient pu apprendre à Rome du premier crocheteur de leurs amis que le comte de Bielke était d’une famille de Suède fort connue. Ici, dans le Voyage de Londres, Grosley, en parlant du North-Briton, qui a été la première salle d’escrime du Clodius anglais Jean Wilkes, croit que cette feuille périodique s’appelle le Lord Briton, apparemment le Seigneur anglais. Je souhaite le bonsoir au seigneur troyen, et lui conseille de se reposer sur ses lauriers : il a assez voyagé pour son instruction et pour celle des autres.

M. de L…, qui ne m’est pas connu, vient de choisir dans l’histoire de France le nom de deux époux, pour nous retracer les principes et l’exemple d’un patriotisme héroïque. Ce M. de L… est un patriote d’antichambre : le titre et l’épître dédicatoire de son monument patriotique vous prouveront que son zèle n’est pas aussi désintéressé qu’il voudrait le faire croire. Voici son titre Le Royalisme, ou Mémoires de du Barry de Saint-Annez et de Constance de Cezelli, sa femme ; anecdoctes héroïques sous Henri IV ; volume in-8° de cent cinquante pages[1]. Si vous avez le courage de lire ces mémoires, vous y trouverez les exploits héroïques de M. et Mme du Barry sous le règne de Henri IV, rapportés en style héroïque par l’héroïque M. de L…, qui, se livrant à son imagination héroïque, en a fait une espèce de roman héroïque qu’il a dédié à Mme la comtesse du Barry, dont il a fait mettre le portrait à la tête de son Royalisme, avec le quatrain irrégulier qui suit :


SensPlaire n’est pas l’unique soin pour elle ;
SensUn goût plus vrai l’occupe tout le jour :
Sensible aux maux d’autrui jusqu’au sein de la cour,
SensC’est pour obliger qu’elle est belle.

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  1. Quelques exemplaires du Royalisme portent, sur le frontispice et au bas de l’épitre dédicatoire, le nom de M. de Limairac. (B.)