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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/515

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met le nouveau Russe un peu au fait des mœurs de l’Opéra de Paris. Il s’ensuit que Mme Reich, à cause de l’austérité de ses principes, qui en font un dragon de vertu, est oubliée, négligée par le parterre de l’Opéra, quoique ce soit une des plus illustres, des plus respectables et des plus charmantes personnes de l’Europe. Figurez-vous tout cela rapporté en style héroïco-emphatico-pathético-poétique. Il y a longtemps que je n’ai rien vu de si ridicule que cet hommage rendu publiquement à Mme la chanteuse Reich ; ses camarades, nos demoiselles de l’Opéra, ne manqueront pas d’en dire de bonnes.

— Les vers que vous allez lire ont été adressés à Mme la comtesse du Barry. On voit, du reste, qu’on a voulu parler de M. le duc de Choiseul sous le nom d’Ulysse. Il me semble que ces vers n’ont déplu à personne ; malgré cela, l’auteur n’a pas jugé à propos de se faire connaître.


VERS PAR UN CITOYEN[1]

Déesse des Plaisirs, tendre mère des Grâces,
Pourquoi veux-tu mêler aux fêtes de Paphos
PouLes noirs soupçons, les fâcheuses disgrâces,
Et pourquoi méditer la perte d’un héros ?
Pou Ulysse est cher à la patrie,
Pou Il est l’appui d’Agamemnon[2] ;
Sa politique active et son vaste génie
Enchaînent la valeur de la fière Ilion[3].
Pou Soumets les dieux à ton empire,
Vénus sur tous les cœurs règne par ta beauté ;
Pou Cueille, dans un riant délire,
Pou Les roses de la volupté ;
Pou Mais à nos vœux daigne sourire,
PouEt rends le calme à Neptune agité.
Ulysse, ce mortel aux Troyens[4] formidable,
Pou Que tu proscris dans ton courroux,
Pou Pour la beauté n’est redoutable
Pou Qu’en soupirant à ses genoux.

  1. Barbier dit que ces vers sont de M. de Lantier, qui était alors fort jeune ; mais plusieurs recueils, et notamment les Souvenirs et Mélanges par Rochefort (La Bouisse), tome II, p. 223, les attribuent à Boufflers. (T.)
  2. Louis XV.
  3. L’Angleterre.
  4. Les Anglais.