Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

persuadé que M. Perrel badine, et que cet excès de modestie ne nuit pas à la fermeté de sa main.

— Le docteur Petit, injurié et non battu par le docteur Bouvart sur la question des naissances tardives[1], a un avantage sensible sur son antagoniste : c’est qu’il a beaucoup d’amis, tandis que personne ne se vante d’être l’ami de Bouvart. Indépendamment du loyal Bigex, qui a fait le coup de poing avec Bouvart, sous le nom de Lepreux, en faveur de M. Petit, vous avez vu la fable de l’abbé Le Monnier, et voici un poëme que M. Leclerc de Montmercy lui adresse sous le titre modeste d’Épître à M. Petit, avec tous ses titres ; brochure in-8° de quatre-vingt-huit pages. Quatre-vingt-huit pages de vers tout d’une haleine ! cela fait trembler. Mais il n’y a point à transiger avec M. Leclerc de Montmercy ; il ne fait des vers que par milliers, et il ne rabat jamais rien de ce qu’il a fait. Il a adressé, il y a plusieurs années, une épître de la même étendue à M. de Voltaire[2], qui est son héros, et qui n’est pas oublié dans son Épître au docteur Petit. Je m’intéresse à M. Leclerc de Montmercy sans l’avoir jamais vu. Je sais que c’est un bon, honnête, mais pauvre diable, qui n’a pas de quoi manger à son appétit, et qui est cependant heureux ; il lui suffit de ne dépendre de personne, et de faire des vers bons ou mauvais. M. l’abbé Terray ferait publier vingt édits, trente déclarations, quarante arrêts du conseil, qu’il s’en soucierait comme de Jean de Vert, à moins qu’il n’y en eût un qui défendît de rimer.

— Nos petits poëtes d’antichambre, vont s’escrimer à l’envi l’un de l’autre, à l’occasion du mariage prochain de Monseigneur le Dauphin[3]. Il vient déjà de paraître un Épithalame pour Monseigneur le Dauphin et Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, sœur de l’Empereur ; présenté à Monseigneur le Dauphin par M. Perrier, principal du collège de Conches[4]. Cette feuille, dont la platitude est incroyable, est à mon gré une des productions les plus remarquables de l’hiver. Premièrement,

  1. Voir tome VII, p. 154 et suivantes.
  2. Voir tome I, p. 480.
  3. Depuis Louis XVI et de Marie-Antoinette. On trouve la liste des pièces de vers faites à cette occasion dans la notice qui termine l’Almanach des muses de 1771. (T.)
  4. Paris, Desnos, 1770, in-8°.