Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous continuiez vitam impendere vero[1]. Si vous voulez encore plus de liberté, j’ai un très-petit coin de terre qui ne dépend de personne ; mais le ciel y est beau, l’air y est pur, et ce n’est qu’à quatre-vingts lieues d’ici. Je n’y ai point d’archevêque ni de parlement, mais j’y ai les meilleurs moutons du monde.

« J’ai des mouches à miel à l’autre habitation que je vous offre. Si vous les aimez, je les y laisserai ; si vous ne les aimez pas, je les transporterai ailleurs : leur république vous traitera mieux que celle de Genève à qui vous avez fait tant d’honneur, et à qui vous auriez fait du bien.

« Comme vous, je n’aime ni les trônes ni les dominations : vous ne régnerez sur personne, mais personne ne régnera sur vous. Si vous acceptez mes offres, monsieur, j’irai vous chercher et vous conduire moi-même au Temple de la Vertu : ce sera le nom de votre demeure, mais nous ne l’appellerons pas comme cela : j’épargnerai à votre modestie tous les triomphes que vous méritez.

« Si tout cela ne vous convient pas, prenez, monsieur, que je n’ai rien dit. Je ne vous verrai pas, mais je continuerai à vous lire et à vous admirer sans vous le dire. »

M. d’Arnaud vient de nous gratifier d’une Anne Bell, histoire anglaise, ornée d’une estampe et de deux vignettes. J’ai fait vœu, pour bonnes raisons, de ne plus lire aucun des petits romans de M. Baculard d’Arnaud ; je ne saurais renoncer à mon vœu pour les beaux yeux de miss Bell, dont ceux qui ont fait connaissance avec elle se sont permis de dire beaucoup de mal.

L’École du monde, à l’usage des jeunes gens de l’un et l’autre sexe, deux parties faisant trois cent cinquante-huit pages[2]. Je ne sais quel est ce maître d’école qui tient classe pour le monde entier des deux sexes. Il apprend à l’un d’obéir à Dieu et au roi ; à l’autre d’être riche, non en écus, mais en vertus, et il vous donne toute sa science pour les deux tiers d’un petit écu.

Les Deux Frères, histoire morales[3] ; brochure de cent trente

  1. Devise adoptée par Jean-Jacques.
  2. In-12 ; par Boisminon.
  3. Barbier (Dictionnaire des anonymes) pense que ce livre est de J.-M-.J. de Cursay, et qu’il avait paru en 1761 sous le titre des Deux Frères angevins.