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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/108

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D’ôter, pour être belle,
La vie à six poulets.

Tous les jours ses gros charmes
Sont armés d’un couteau ;
Le poulailler en larmes
La prend pour son bourreau ;
La fille d’un air ferme
Met les œufs en éclats :
Elle y trouve le germe
De cent nouveaux appas.

D’une action si dure
La poule en vain se plaint ;
En vain le coq murmure
Du besoin de son teint.
Plus fraîche que l’aurore,
La vierge s’embellit ;
La poule gronde encore,
Mais le coq applaudit.

M. Després, architecte et professeur de dessin à l’École militaire, ayant dédié au patriarche le Projet d’un temple funéraire destiné à honorer les cendres des rois et des grands hommes, ouvrage couronné en 1766 par l’Académie royale d’architecture, le patriarche a répondu à l’hommage de M. Després par la lettre que vous allez lire.


« De Ferney, le 6 juillet 1770.

« Si je n’avais point essuyé, monsieur, un violent accès d’une maladie à laquelle ma vieillesse est sujette, je vous aurais assurément remercié plus tôt de l’honneur que vous me faites. M. Pigalle était prêt à partir de ma petite retraite lorsque votre beau présent arriva. Ce grand artiste lui donna l’approbation la plus complète. M. Hennin, résident de France à Genève, un des meilleurs connaisseurs que nous ayons, en fut enchanté ; et moi, j’eus la vanité de vouloir être enterré au plus vite dans ce beau monument. Je me flatte pourtant que vous vous occuperez plus à loger les vivants que les morts. Je suis un peu architecte aussi ; j’ai bâti la maison dans laquelle je finis mes jours. Je voudrais vous voir construire une salle de spectacle ou un hôtel de ville : alors j’aurais autant d’envie de vous aller fé-