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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/109

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liciter à Paris que j’en ai d’être éloigné d’une ville où tout un peuple s’écrase et se tue pour aller voir des bouts de chandelles sur un rempart [1]. » J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime et la reconnaissance que je vous dois, etc. »

M. Patte a parfaitement atteint le but qu’il s’était proposé en attaquant M. Soufflot sur la solidité de sa coupole de Sainte-Geneviève[2] ; il a fait quelque bruit ; il a inquiété l’architecte à qui il en veut, parce qu’il en a été désobligé dans je ne sais plus quelle circonstance ; il s’est attiré une foule de réponses dans lesquelles les injures ne lui ont pas été épargnées : tout va le mieux du monde pour M. Patte. Il a paru une Lettre du R. P. Radical, remplie de mauvaises pointes. Il a paru une Lettre d’un graveur en architecture à son confrère Patte, pour faire sentir à celui-ci que, pour dessiner et graver des morceaux d’architecture, on n’est pas architecte. Ce qui a été dit de mieux sur cette querelle, c’est qu’il fallait laisser dire Patte et laisser faire Soufflot. Mais il fallait donc que Soufflot ne se mît pas à dire aussi ni à remplir les Mercures de défis, de gageures, de réponses de toute espèce. Patte ne voulait que cela, et c’est tout ce qu’il se proposait de gagner dans ce procès. N’ayez pas peur qu’il soit assez sot d’accepter le défi de Soufflot. Il se soucie bien que la coupole de Sainte-Geneviève se fasse ou non ; qu’elle soit solide ou non : il voulait importuner, chagriner, tourmenter Soufflot. Il y a une douzaine d’années que M. Patte, congédié par les libraires de l’Encyclopédie, voulut aussi se venger d’eux, et imprima dans les feuilles de Fréron que les auteurs de l’Encyclopédie n’avaient d’autres planches que celles qu’ils avaient volées à M. de Réaumur. Cet académicien était mort, et avait légué toutes ses planches à l’Académie des sciences. Les libraires de l’Encyclopédie s’adressèrent à l’Académie, et l’obligèrent de nommer des commissaires pour comparer les dessins non encore publiés de l’Encyclopédie avec les planches de Réaumur. Les commissaires déclarèrent, examen fait, que tous les dessins destinés à l’Encyclopédie étaient originaux, et qu’il n’y avait pas une seule planche de copiée d’a-

  1. Allusion aux accidents arrivés au mariage du dauphin.
  2. Voir précédemment, p. 31.