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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/193

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nécessaires à la corruption des juges, il intervient arrêt qui donne aux parties le gâteau de la gloire littéraire à partager également, je leur promets à l’une et à l’autre que le tout se passera sans indigestion.

— Le bon vieux La Condamine avait, dans le Mercure[1], invité les curieux à porter le flambeau de la critique dans l’histoire du jeu de dames polonaises, et d’éclaircir son origine et sa patrie. M. Manoury, limonadier, qui tient le célèbre café du quai de l’École, vient de publier un Essai sur le jeu de dames à la polonaise, brochure in-12. En attendant que leur histoire soit éclaircie conformément aux vœux de M. de La Condamine, M. le limonadier nous développe leurs principes, et nous donne une suite de coups brillants et de fines parties. Philidor, le plus grand joueur d’échecs qu’il y ait peut-être en Europe, est encore plus fort, s’il est possible, dans le jeu de dames polonaises. C’est lui qui disait pendant la dernière guerre, quand le prince Ferdinand de Brunswick gagnait une bataille : « Je lui donne la tour. » Si nous avons le malheur d’avoir la guerre, je ne sais quel avantage M. Manoury pourra se vanter de faire à nos maréchaux lorsqu’ils gagneront des batailles. Mais nous attendons ici un prodige plus fort que Philidor et le sieur Manoury, c’est l’homme de bois de M. de Kempell, de Vienne, qui joue aux échecs contre tout venant. Lorsque je fus à Vienne, l’année dernière, cette machine jouait dans les appartements de l’impératrice, à Schoenbrunn ; et tout ce que M. Dutens en dit dans sa lettre, insérée depuis peu dans le Mercure[2], je l’ai entendu affirmer dans ce temps-là par des témoins respectables.

Mémoires historiques, par M. de Belloy, citoyen de Calais[3]. Ce pauvre M. de Belloy est plus qu’aucun héros de notre temps dans le cas de reconnaître combien la gloire est périssable. Nous l’avons vu comblé, rassasié d’honneurs et de distinctions pendant le succès étonnant de sa tragédie du Siège de Calais. Un enthousiasme patriotique avait saisi tous les cœurs français en faveur d’un ouvrage qui peut être français par

  1. Juillet 1770, 1er volume, p. 219. Manoury y répondit dans le Mercure d’août suivant, p. 193. (T.)
  2. Tome II d’octobre 1770, p. 186. On lit sur le même sujet une autre lettre de Rigoley de Juvigny au Mercure de décembre suivant, p. 181. (T.)
  3. In-8o 1770.