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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/194

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les sentiments, mais qui ne l’est pas par le style. Quelques esprits sages trouvèrent que cet enthousiasme des cœurs français n’était pas l’époque la plus glorieuse de la nation ; mais sa chute et sa fin me paraissent encore plus surprenantes. Après avoir porté ce pauvre citoyen de Calais avec fureur, après lui avoir rendu plus d’hommages en quinze jours que M. de Voltaire n’en a reçu toute sa vie, on l’a négligé, oublié et laissé mourir de faim ; c’est aujourd’hui peut-être le seul homme de lettres qui soit dans le besoin, et cela ne fait pas honneur aux cœurs français. La nécessité de vivre le força, l’année dernière, de faire imprimer ses tragédies de Bayard et de Gabrielle de Vergy, sans en attendre la représentation, et cette publication fut mortelle aux deux pièces qui, sans elle, auraient peut-être eu quelque succès au théâtre. Cette année il s’est fait historien de ses héros dramatiques. Ses Mémoires renferment trois morceaux le premier, sur la maison de Coucy, encore existante ; ces Coucy d’aujourd’hui ont éprouvé le sort de leur historien, ils sont déchus de la gloire de leurs ancêtres, et de même que le de Belloy de 1770 ne ressemble pas au de Belloy de 1765, de même MM. de Coucy d’aujourd’hui, devenus obscurs et pauvres, ne rappellent en rien ces anciens sires de Coucy, dont un descendant prit pour devise :


Je ne suis roi, ne duc, prince, ne comte aussi,
Je ne Je suis le sire de Coucy.


Le second Mémoire regarde la dame de Fayel et ses amours infortunées avec le Coucy héros de la tragédie de M. de Belloy, ainsi que leur fin tragique. Le troisième Mémoire roule sur Eustache de Saint-Pierre, ce bourgeois de Calais que M. de Belloy, après l’avoir immortalisé dans son Siège de Calais, justifie des soupçons que quelques fragments historiques, trouvés à la Tour de Londres, ont répandus sur sa fidélité. En conséquence, tout cela n’est pas lisible, et j’en suis très-fâché pour ce pauvre M. de Belloy, à qui ces Mémoires historiques ne procureront ni honneur ni profit.

Sidney et Volsan, anecdote anglaise, par M. d’Arnaud[1].

  1. 1770, in-8o.