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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/202

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est délicieux. La marche des janissaires a aussi fait grande fortune ; mais, au second acte, la musique faiblit. Il y a d’ailleurs trop de duo, trio, etc., et pas assez d’airs à voix seule ; mais c’est que ce pauvre diable de Falbaire n’en aurait pas trouvé la place pour tout l’or de Smyrne. Il en avait placé un au moment où les amoureux faisaient leurs paquets pour décamper ; la petite fille, apercevant un bracelet avec le portrait de sa mère, lui adresse quelques vers pathétiques, sur lesquels le compositeur avait fait un air superbe ; il a fallu le supprimer comme entièrement déplacé, et l’on n’a pas seulement tenté de le remettre à Paris. Il y a plus d’une lacune de ce goût-là dans cette pièce, et l’on s’en aperçoit. En Italie, on n’aurait pas été si difficile ; l’air étant beau, on se serait peu soucié de la manière dont il est placé, et l’on aurait écouté avec transport ; mais nous n’aimons pas la musique à ce point.

— On peut faire relier avec les Deux Avares, à cause de leur gaieté, Vercingétorix, tragédie, œuvre posthume du sieur de Bois-Flotté, étudiant en droit-fil, suivie de notes historiques de l’auteur ; brochure in-8o. C’est une tragédie en un acte, tout entière écrite en calembours. Le héros finit la pièce par ces vers :


Je vais me retirer dans ma tante ou ma nièce,
Et j’attendrai la mort de la faim de la pièce.


Ma foi, M. de Bièvre, mousquetaire gris ou noir, auteur de toutes ces bonnes plaisanteries, se moque un peu de nous, et abuse de notre patience. Le succès étonnant de la Comtesse Tation lui a tourné la tête, et il croit bonnement qu’il peut nous mettre à ces platitudes pour toute nourriture ; il n’y a point de genre qui demande plus de sobriété que le genre détestable des pointes et des calembours. M. de Bièvre en dégoûterait les plus grands amateurs, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus plat et de plus frivole dans une nation.

M. de Guignes, de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, vient de publier, en un volume in-4°, le Chou-king, un des livres sacrés des Chinois, qui renferme les fondements de leur ancienne histoire, les principes de leur gouvernement et de leur morale ; ouvrage recueilli par Confucius, traduit et enrichi de notes pur feu le P. Gaubil, missionnaire à la