Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propriétaire de la chose ! Quand on est sans énergie, sans vertu, sans courage, il faut se rendre justice, et laisser à d’autres les entreprises périlleuses. Votre femme entend mieux vos intérêts que vous ; elle sait mieux ce que nous devons à la persécution et aux arrêts qu’on a criés dans les rues contre nous ; elle n’eût jamais fait comme vous.

« Adieu, monsieur Le Breton ; c’est à un an d’ici que je vous attends, lorsque vos travailleurs connaîtront par eux-mêmes la digne reconnaissance qu’ils ont obtenue de vous. On serait persuadé que votre cognée ne serait tombée que sur moi, que cela suffirait pour vous nuire infiniment ; mais, Dieu merci ! elle n’a épargné personne. Comme le baron d’Holbach vous enverrait paître, vous et vos planches, si je lui disais un mot ! Je finis tout à l’heure, car en voilà beaucoup ; mais c’est pour n’y revenir de ma vie. Il faut que je prenne date avec vous ; il faut qu’on voie, quand il en sera temps, que j’ai senti, comme je devais, votre odieux procédé, et que j’en ai prévu toutes les suites. Jusqu’à ce moment vous n’entendrez plus parler de moi ; j’irai chez vous sans vous apercevoir ; vous m’obligerez de ne me pas apercevoir davantage. Je désire que tout ait l’issue heureuse et paisible dont vous vous bercez ; je ne m’y opposerai d’aucune manière mais si, par malheur pour vous, je suis dans le cas de publier mon apologie, elle sera bientôt faite. Je n’aurai qu’à raconter nûment et simplement les faits comme ils se sont passés, à prendre du moment où, de votre autorité privée et dans le secret de votre petit comité gothique, vous fîtes main basse sur l’article Intendant, et sur quelques autres dont j’ai les épreuves.

« Au reste, ne manquez pas d’aller remercier M. Briasson de la visite qu’il me rendit hier. Il arriva comme je me disposais à aller dîner chez M. le baron d’Holbach, avec la société de tous ses amis et les miens. Ils auraient vu mon désespoir (le terme n’est pas trop fort) ; ils m’en auraient demandé la raison, que je n’aurais pas eu la force de leur celer, et votre ouvrage serait décrié et perdu. Je promis à M. Briasson de me taire, et je lui ai tenu parole. J’ai fait plus j’ai bien dit à M. Briasson tout le désordre que vous aviez fait ; mais il ignore comment j’ai pu m’en assurer, il ne sait pas que j’ai les volumes : c’est un secret que vous êtes le maître de lui garder encore. Je fais peu de cas de mon exemplaire, que, sans une infinité de notes si