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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/227

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nir trente volumes de Questions : car un enfant qui a autant d’esprit que celui-là se permet des questions sur tout.

— Le P. Griffet, jésuite français retiré à Bruxelles ou à Liège, publia, il y a environ un an, un Traité sur différentes sortes de preuves qui servent à établir la vérité de l’histoire ; volume in-12 de plus de quatre cent cinquante pages. Son Traité est un ouvrage solide qu’on lit avec plaisir en beaucoup d’endroits, quoique l’auteur soit naturellement diffus, et que la bonne critique l’abandonne de temps en temps. Mais, par exemple, il a battu bien complètement M. de Voltaire sur son obstination à nier l’authenticité du Testament politique du cardinal de Richelieu ; ce morceau est traité avec beaucoup de solidité. M. de Voltaire cherche à le réfuter dans ses Questions sur l’Encyclopédie, mais il n’y réussit point ; tout lecteur judicieux trouvera les observations du P. Griffet sans réplique. Ce jésuite parle aussi, dans son Traité, de l’Homme au masque de fer, et, à cette occasion, M. de Voltaire revient aussi dans ses Questions sur cet objet. Ici le philosophe de Ferney a tout l’avantage, non-seulement sur le jésuite, mais sur tous les autres bavards qui se sont crus obligés de dire leur avis sur ce point. La manière dont M. de Voltaire a parlé de cette singulière aventure est un modèle de sagesse, de pénétration, de retenue et de bonne critique. Il lui échappe ici de dire qu’il en sait peut-être là-dessus plus qu’il n’en dit, et il y a longtemps qu’il a mis ceux qui ont un peu de nez sur la voie de son secret.

— Le succès du petit Almanach des muses a fait imaginer à un compilateur de nous donner les pièces fugitives de l’année, sous le titre d’Étrennes du Parnasse ; et, pour se distinguer de son rival, il a fait précéder le choix des pièces fugitives de deux petits volumes de Notices sur les poëtes grecs, de sorte que ces Étrennes du Parnasse forment trois petits volumes[1]. La Notice des poëtes grecs sera suivie, d’année en année, de celles des poëtes latins et modernes de diverses nations, ce qui formera vraisemblablement tous les ans trois petits volumes.

  1. Le compilateur des Étrennes du Parnasse fut un employé à la Bibliothèque du roi, nommé Jean-Baptiste Milliet. Il mourut en 1774, après avoir publié, en 1773, la Notice des poètes latins, composée de quatre parties. Les Étrennes du Parnasse sont oubliées ; mais on recherche encore les Notices sur les poètes grecs et latins. (B.)