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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/275

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Insensés et faibles mortels !
N’avons-nous pas, grâce au sophisme,
Des esclaves du fanatisme
Et des guerres et des duels ?
Cet âge d’or que l’on regrette
Reviendra-t-il ? Je n’en sais rien ;
Mais l’âme est un peu satisfaite
Quand on voit naître quelque bien.
Gloire et félicité parfaite
Au suprême et sage prélat
Qui ne veut pas qu’une ariette
Coûte un citoyen à l’État ;
Se souvenant qu’à leur image
Les dieux ont formé les humains,
Et conservant ce bel ouvrage
Tel qu’il est sorti de leurs mains !
Cet acte seul l’immortalise,
Le monde entier le canonise ;
Et des dames le noble cœur
Verra condamner avec joie
Un genre de fausse monnoie
Qui blessait leur douce candeur.
La modestie, au teint de rose,
Craint l’aspect d’un disgracié
Et déteste sur toute chose
L’indécence qui fait pitié.

Mais par quelle étrange manie
Cette sanglante tyrannie
A-t-elle régné si longtemps ?
Qu’un despote orgueilleux prétende
Être père de ses enfants ;
Pour bannir toute contrebande,
Qu’il fasse mutiler ses gens ;
Quelque affreux que soit cet usage,
J’excuse un sultan, un sophi
De s’assurer un avantage
Devenu si rare aujourd’hui.
Sa loi lui permet cinq cents femmes :
Combien d’intrigues et de trames
Se formeraient dans le sérail
Et pour la blonde et pour la brune !
Comment garder tout ce bercail
Si l’on ne peut en garder une ?

Mais, par un crime révoltant
Violer les sources des êtres,