Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En garderont le souvenir,
On verra douter l’avenir,
Trop prudent pour oser le croire.

Grâce à la plus sage des lois,
La nature obtient la victoire,
Et Clément lui rend tous ses droits.
Remercions ce digne apôtre ;
Chez les cordeliers il vivait :
Du bien qu’à l’homme on enlevait
Il en sut le prix mieux qu’un autre.
Et pour payer tant de bontés,
Puissent des songes favorables,
En dépit de sa sainteté,
Lui retracer la volupté
Qu’il conserve à tous ses semblables !
Et vous, des bords ultramontains,
Rois et princes que je révère,
Méritez vos nobles destins.
Et si la gloire vous est chère,
Hâtez-vous, ne permettez plus
Ces cruelles métamorphoses.
Faites admirer vos vertus,
Et n’ayez plus ces virtuoses
Qui font frémir l’honnêteté.
Abjurez un goût fanatique,
Aimez un peu moins la musique
Et beaucoup plus l’humanité.

On a fait courir ces vers sous le nom de M. de Voltaire, mais ces sortes de ruses ne réussissent pas aisément ; nous avons le nez trop fin et le tact trop exercé pour donner dans ces panneaux-là. Celui qui a lu une douzaine de ces vers et qui ne sent pas qu’il est physiquement impossible que cela vienne de la fabrique de Ferney ne se connaîtra jamais en manière ni en fabrique. D’ailleurs le patriarche, quoique vieux et rabâcheur, n’est ni bavard ni ennuyeux ; il n’aurait pas eu l’esprit de faire des Farinelli, des Caffarelli, des Guadagni, les descendants des Scipions, des Catons, des Fabius. Il aurait dit quelques polissonneries sur ces messieurs qui ne brillent pas toujours pour la dépense qu’ils ont faite, et voilà tout. Ce mot, que le poëte rapporte et qui est connu, est ce qu’il y a de mieux parce qu’il n’est pas de lui. Je ne puis souffrir ce faux air de philosophie et d’humanité qu’on trouve aujourd’hui dans tous nos