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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/308

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de pièces dramatiques qui ne seront jamais jouées sur aucun théâtre que je prends le parti d’en retrancher la notice de ces feuilles ; ainsi je ne vous parlerai ni du Laboureur devenu gentilhomme[1], ni du Cri de la nature[2], ni d’une infinité d’autres pauvretés : quand les mauvaises herbes dominent dans un champ, il ne faut pas trier, il faut y mettre le feu.

— À la Comédie-Italienne, la clôture s’est faite par une facétie de la composition de M. Anseaume, intitulée Arlequin marchand de proverbes. Comme le goût de jouer des proverbes en société a gagné de plus en plus, Arlequin, en compagnie du grand cousin Bertrand, qui a fait fortune dans le Déserteur, entreprend ce commerce avec confiance ; mais sa marchandise ne consiste pas en proverbes dramatiques : c’est un assortiment de proverbes en compliments adressés au parterre ; les principales actrices viennent les acheter chez M. Arlequin et son cousin Bertrand, et les récitent au parterre. C’est peu de chose que toute cette marchandise ; mais elle a été bien reçue du public, parce qu’elle lui a été débitée par des actrices qui lui sont agréables et dont il se laisse volontiers enjôler.

— J’ai eu l’honneur de vous parler en passant du Traité des preuves qui servent à établir la vérité de l’histoire, par le P. Henri Griffet, jésuite français réfugié à Bruxelles. Les derniers chapitres de cet ouvrage sont employés à prouver la prééminence et les prérogatives de la maison de Rohan ; le P. Griffet était infiniment attaché à Mme la comtesse de Marsan, gouvernante des Enfants de France, sœur de M. le maréchal-prince de Rohan-Soubise ; il a voulu par ces preuves faire un dernier acte de courtisan. Plusieurs ducs et pairs de France ont cru n’avoir rien de plus important à faire dans les circonstances actuelles que de faire publier une réfutation en forme des idées du P. Griffet et des faits qu’il a avancés. Leur écrit est intitulé Mémoire sur les rangs et les honneurs de la cour, pour servir de réponse aux trois derniers chapitres de l’ouvrage du P. Griffet. Je crois cet écrit, qui a environ cent quarante pages in-8°, rédigé par M. Gibert, de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, secrétaire général de la pairie. Le P. Griffet

  1. 1771, in-8° ; par Boutillier.
  2. 1771, in-8° ; par Armand.