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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/310

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moins été, pendant dix mois, le héros de l’Europe entière. La princesse Daschkoff, qui voulait voir, pendant son séjour à Londres, un homme si célèbre, ne pouvait lui pardonner d’avoir accepté une pension du roi d’Angleterre ; elle disait que la misère était un piédestal qui convenait au chef d’une nation pauvre, lorsque ses efforts pour lui conserver la liberté avaient été inutiles.

M. d’Ussieux, qui se tient, je crois, à Bouillon dans le sein de la société typographique, nous a envoyé une Histoire abrégée de la découverte de la conquête des Indes par les Portugais. Volume in-12 de deux cents pages. L’auteur ne dit pas d’où il a tiré son histoire, mais il l’a si bien abrégée qu’il n’en résulte qu’une insipide et aride gazette. Ce n’est pas la faute du sujet, qui est plein de détails instructifs et surprenants, et du plus grand intérêt, si l’auteur avait eu le talent de le traiter et s’il savait écrire.

— Je ne sais à quel rimailleur nous devons une feuille intitulée Du Théâtre et des causes de sa décadence, épître aux Comédiens français et au parterre. Ordinairement la véritable cause de la décadence du goût et le tort des Comédiens, c’est d’avoir refusé une mauvaise pièce ; l’auteur de la mauvaise pièce se venge de la rigueur des Comédiens par une mauvaise satire, c’est la règle. Si la pièce de celui-ci était aussi bien écrite que sa satire, je vous aurais défié d’en lire quatre vers de suite. Il a jugé à propos de réciter sa satire plusieurs jours de suite à haute voix dans le foyer de la comédie, jusqu’à ce que la police l’ait fait prier de se dispenser de cette politesse.

M. Clément le mordant n’a pas seulement attaqué le poëme des Saisons, par M. de Saint-Lambert, et la traduction des Géorgiques, par l’abbé Delille ; il a aussi dépecé le poëme de la Déclamation, par M. Dorat. Celui-ci vient de lui répondre par un petit écrit intitulé Ma Philosophie[1] : car M. Dorat n’a pas seulement ses fantaisies, il a aussi sa philosophie ; elle consiste dans un persiflage en vers de huit syllabes, orné d’une estampe, suivi d’une Réponse badine en prose à de graves observations. Il fait une brochure de cinquante pages en vers et en prose pour nous prouver que les Observations de Clément ne

  1. La Haye et Paris, 1771, in-8°. Figure, vignette et cul-de-lampe de Marillier, gravés par de Ghendt. Voir la note du Guide de MM. Cohen et Mehl sur les différences du tirage de la troisième estampe.