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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/455

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Luxembourg, ayant fini sa carrière ces jours passés, après une longue maladie, sa mort a fait événement dans le quartier, et les pleurs de sa maîtresse ont arrosé ses cendres. Madame Brillant était un personnage dans la société de Mme de Luxembourg, qui fut pendant longtemps la société la plus brillante de Paris, et les vers suivants vous prouveront qu’on y savait rendre justice aux grâces de madame Brillant, et que son sort faisait des jaloux.


VERS À MADAME BRILLANT
Par M. le chevalier de boufflers.

Jusqu’aux deux bouts de l’hémisphère,
Brillant, vos attraits sont connus :
D’Amourette vous êtes mère ;
Des chats vous êtes la Vénus.
De votre grâce enchanteresse
Tout est charmé, tout parle ici ;
Luxembourg est votre maîtresse :
Que n’est-elle la mienne aussi !

— Vous verrez par la lettre suivante, que le patriarche a écrite à la fille cadette de Mme Calas qu’enfin l’infortuné Sirven, après dix ans d’exil, de douleur et de persévérance, a obtenu du nouveau parlement de Toulouse un arrêt qui le décharge de l’accusation de parricide intentée contre lui par un procureur fiscal fanatique de Mazamet.


« Au château de Ferney, le 15 janvier 1772.

« Cette lettre, madame, sera pour vous, pour M. du Voisin et pour madame votre mère. Toute la famille Sirven se rassembla chez moi hier en versant des larmes de joie ; le nouveau parlement de Toulouse venait de condamner les premiers juges à payer tous les frais du procès criminel : cela est presque sans exemple. Je regarde ce jugement, que j’ai enfin obtenu avec tant de peine, comme une amende honorable. La famille était errante depuis dix années entières ; elle est, ainsi que la vôtre, un exemple mémorable de l’injustice atroce des hommes. Puissent Mme Calas, ainsi que ses enfants, goûter toute leur vie un bonheur aussi grand que leurs malheurs ont été cruels ! Puisse votre vie s’étendre au delà des bornes ordinaires, et qu’on dise