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reprendre sa position normale, le mandarin était à côté de lui et lui offrait amicalement la main ; Martial était loin d’avoir dressé ses plans dans la prévision d’une entrée presque américaine, et, toujours sous l’impression de la leçon qu’il avait apprise, il aventura une phrase de réception en usage au Japon.

À ce souvenir de sa patrie, le kami sourit et répliqua par une période à laquelle Martial ne comprit pas un seul mot. Mon ami était dans le plus cruel embarras ; — par bonheur, l’homme sec, qui n’était autre qu’un interprète, lui vint en aide et lui dit avec un sérieux imperturbable que l’illustre docteur Kouen-fou se félicitait de passer une soirée avec une personne qui savait parler le japonais et qui connaissait jusqu’aux locutions du pays. — L’embarras était devenu confusion. — Inutile d’ajouter que la lumière se fit et que mon ami ne tarda pas à penser qu’il aurait mieux fait de garder prudemment pour les Français sa formule de salutation japonaise.

Les coussins invitaient à s’asseoir ; le kami et son compagnon s’y installèrent avec aisance, tandis que Martial et moi nous agissions avec des précautions infinies.

Pendant que mon ami, par l’intermédiaire du drogman, posait à Kouen-fou des questions sur l’extrême Orient, je me mis à étudier la physionomie des deux visiteurs.