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Je commençai naturellement par le docteur japonais.

C’était un homme d’environ cinquante ans, d’une taille moyenne et d’un embonpoint raisonnable ; il clignotait de petits yeux noirs d’une très-grande finesse et plissait une lèvre qui ne manquait pas d’une certaine ironie ; son teint était d’un jaune pâle, son nez largement épaté ; son front, fortement sculpté, avait quelque chose de grave qui révélait immédiatement l’intelligence. Son crâne à moitié rasé s’harmonisait singulièrement avec le reste de ses traits. Cet homme aurait perdu une grande partie du caractère vraiment remarquable de sa physionomie, si ses tempes avaient été ombragées par une forêt de cheveux. — La pensée dévore, dit-on, la chevelure. C’est peut-être pour avoir l’air de beaucoup réfléchir qu’on se fait raser au Japon.

Quant au drogman, — Hollandais d’origine, — c’était un long corps surmonté d’une tête maigre, osseuse, hardiment taillée ; au-dessous d’un nez mince et de dimensions peu ordinaires divergeaient deux moustaches roides, droites, peintes et passées à la gomme, qui venaient s’arrêter en pointe de crayon à peu de distance de deux grands yeux noirs, sévères, roulant dans un fond jaune et entre deux paupières de couleur bistre. Le domestique ayant solennellement annoncé que la table n’attendait que les convives, Martial dit au mandarin, avec une périphrase élégante, que le