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mon empressement, qui avait le droit de paraître suspect, j’alléguai un motif absurde qui trouva fort heureusement crédit. Tant il est vrai qu’il n’y a pas de place imprenable lorsqu’on sait y jeter des pièces d’or !

Trois jours après, je fis à mon tour des préparatifs de réception. — Je plaçai dans un coin de mon salon un paravent élevé qui se mariait si naturellement au plafond et aux murailles qu’on eût dit une véritable cloison. Du papier et de l’encre furent disposés sur une table, à l’abri derrière le mur improvisé, et un sténographe dont je connaissais l’habileté se mit en mesure de s’y installer.

À l’heure indiquée, Kouen-fou et l’interprète entrèrent chez moi. Ma tactique diplomatique avait réussi pleinement. Le manuscrit du Japonais était enfoui dans la poche du fidèle drogman ; il ne s’agissait plus que d’éloigner le kami, de le séparer de celui qu’il appelait sa bouche française. D’un côté, je ne voulais pas m’exposer à le laisser retourner seul chez lui, où la fantaisie aurait pu lui venir d’inscrire sur son journal les impressions de la journée. De l’autre, nous reculions devant l’acte quasi dramatique de troubler l’intelligence de l’excellent mandarin en le forçant à des libations inaccoutumées.

Tout à coup un jet de lumière vint à la pensée de Martial, il fut décidé que Kouen-fou serait entraîné par