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l’un de nous dans un concert, tandis que l’autre entendrait la lecture.

L’affaire ainsi réglée, le hasard voulut que mon ami fût le compagnon du Japonais ; le drogman allégua un mal de tête qui réclamait impérieusement le repos. J’invoquai un motif non moins vraisemblable, et tout se plia à nos désirs.

Dès que la voiture qui emportait nos amis nous eût lancé le bruit de son dernier roulement, je priai le drogman de sortir son manuscrit, ce qu’il fit sans hésiter. Il commença la lecture d’une voix grave et basse. Je prêtai alors une oreille attentive, et je saisis dans l’air un léger frôlement de papier, et, de temps à autre, le faible murmure d’un grincement de plume. — Bien, pensai-je, mon homme est à l’œuvre. J’ai, dis-je alors en m’adressant à l’interprète, l’infirmité de n’entendre que les paroles prononcées assez haut. Pourriez-vous élever votre voix d’un demi-ton ?

L’interprète souscrivit à ma prière. Le sténographe ne perdit pas un seul mot, et, le lendemain, j’avais entre les mains l’ouvrage suivant, auquel j’ai malheureusement fait subir en plus d’un endroit des mutilations. Il le fallait, Kouen-fou est un philosophe très-hardi !