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EN EUROPE

D’après ses conversations, je pouvais, pour ainsi dire, soupçonner les impressions que ressentaient les Annamites, car leur physionomie, en général, ne révélait rien ; on sait que les Orientaux sont d’une impassibilité à toute épreuve. Pourtant, à leur arrivée en France, l’accueil qu’on leur fit ne laissa pas de troubler leur apparente quiétude. Voici ce qui s’était passé à ce sujet :

Lorsqu’ils entraient dans le port de Toulon, on fit partir à peu près en même temps une douzaine de batteries, afin de leur rendre des honneurs dignes d’eux ; — le premier ambassadeur ne put conserver son sang-froid ; c’était une réception splendide, princière, mais infernale, qui pouvait se changer en fête de mort. En entendant cette fête de la poudre, sa physionomie devint singulièrement rêveuse. Quant aux coulis, ils se blottissaient dans des coins du navire comme des chiens par un temps d’orage.

Lorsque Pétrus partit pour l’Espagne, où il s’embarqua pour Alexandrie, il me fit une promesse qui cadrait parfaitement avec mes désirs, — il me promit d’interroger ses compagnons sur leurs impressions et de m’envoyer, pour ainsi dire, le résumé du grand journal de l’ambassade.

Ce résumé précieux, je l’ai entre les mains ; le style en est simple, peu fleuri, peu imagé, bien qu’oriental. Je vais, du reste, vous le communiquer.