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La science me plaisait. Je frappai à la porte d’un lettré, grand docteur, qui était en quête d’un secrétaire ; je lui posai ma demande, en n’omettant rien de ce qui pouvait l’éclairer sur ma vie, et en lui racontant franchement l’embarras dans lequel je m’étais trouvé. Je lui fis entendre que j’en savais plus qu’il ne fallait pour remplir dignement les humbles fonctions de secrétaire, et je pensais être sûrement agréé.

— Mon ami, me dit-il, vous êtes trop savant pour vous plier aux fonctions de scribe. Travaillez pour votre compte. Je me ferais, pour ma part, un cas de conscience de vous dérober aux lettres que vous pouvez servir en fervent disciple.

« Il peut se faire, pensai-je, que les docteurs préfèrent des apprentis aux demi-savants ; — les lettrés sont d’humeur chatouilleuse, et il est notoire que la lumière blesse plus les yeux que l’obscurité. À ma prochaine tentative je serai franc sur mon existence passée, mais je n’annoncerai que des connaissances élémentaires. »

Je me tins parole, et, l’occasion se présentant, je fis un récit circonstancié de l’histoire de ma jeunesse et donnai comme fort peu pesant mon bagage scientifique.

— Mon ami, me répondit-on, vous racontez à merveille et votre histoire est palpitante ; vous êtes du petit nombre de ceux qui savent charmer l’esprit et le