Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chercher le bonheur dans la fièvre, et le voyageur ne le cherche pas ailleurs.

Le véritable bonheur est là où on le soupçonne le moins, et celui qui se confine dans la plus grande obscurité me paraît en être moins loin que le téméraire qui, en voulant agrandir son âme, la ronge et la torture.

La réflexion est une lame de fer rouge qui laboure l’esprit, l’agrandit et l’ulcère.

Les profonds penseurs ont pour la plupart sur le front et dans les yeux l’empreinte des mille douleurs qui se déchaînent dans leur cerveau tumultueux : tout grand penseur qui n’arrive pas à une sorte d’extase béate et stupide est d’une subtilité satirique et démoniaque. Il n’y a pas de milieu. Il faut être saint et martyr, ou démon et souverain.

La révélation du monde tel qu’il est montre presque partout au pinacle le crime adroitement conçu posant ses deux pieds implacables sur la vertu. Le roi terrestre, c’est la ruse. La réflexion que donne la science, c’est le mal ; l’ignorance, c’est le bien.