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II

TRAVERSÉE. — SATREBIL

Mes affaires étant réglées, ne laissant derrière moi ni femme qui pût compromettre l’honneur de ma maison, ni serviteur, ni gérant pour dilapider ma fortune, ni débiteurs pour se réjouir de mon départ et de mes extravagances, ni héritier qui cherchât à influencer la divinité pour ma fin prochaine ; ne dépendant que de moi, seul au monde, et, précisément pour cela même, libre de commettre les folies les plus monstrueuses, je partis, résolu de me laisser pousser par le destin jusqu’au bout du monde !

Le premier épisode de mon voyage fut une lutte de deux jours avec un terrible typhon, qui rendit religieux tous les sacripants du navire.

J’ai jugé par là, premièrement, que la foi anime plutôt les malheureux que les gens heureux ; secondement, que les adorateurs du Très-Haut doivent être plus nombreux parmi les pauvres que parmi les riches ;