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Je fus sur le point de céder aux bienveillantes sollicitations dont on m’entourait ; je résistai cependant, car, la plus petite détermination une fois prise, on ne doit jamais en différer l’exécution. Le départ était donc résolu ; Francœur devenait mon cicerone et m’accompagnait dans mes pérégrinations ; sa vie passée le mettait à même de connaître bien des choses que d’autres n’auraient fait que soupçonner. Il s’expliquait nettement en chinois et assez clairement en japonais ; ce savoir n’est pas aussi répandu qu’on serait en droit de l’attendre d’une nation qui se dit et se croit lettrée.

Francœur avait réuni ses hardes, distribué des poignées de main à ses voisins, et, en serviteur dévoué, il m’avait rejoint.

Avant de quitter mon hôte, je crus devoir lui faire une visite de remerciments. Je le saluai le plus civilement possible, l’assurai de ma reconnaissance éternelle, et, pensant bien que les mœurs françaises avaient pu changer depuis un siècle, je déposai sur un meuble un chiffon de papier qui valait cent francs, grâce à deux signatures que le gouvernement y avait fait apposer.

Je partais, lorsqu’un domestique vint, chapeau bas, m’apporter une note où s’alignaient avec la plus heureuse symétrie une vingtaine de chiffres ; on me traduisit la missive en bon japonais et je compris qu’en