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et je vins, par une suite de déductions, à me demander si l’habit ne faisait pas l’homme plutôt que l’homme l’habit. Je songeai que, si les défenseurs de la patrie n’étaient pas revêtus d’un uniforme, ils risqueraient de ne pas exalter autant l’esprit du peuple ; je me souvins de cette éternelle vérité, qu’il n’est pas pour le peuple de grands hommes en robe de chambre, et que, si le mérite est apprécié de quelques-uns, les vêtements du nom, — les titres, — le sont de tous.

Ce fut dans mon nouvel accoutrement que j’entre pris ma première promenade. Francœur était à mes côtés, prêt à répondre à mes moindres demandes, et plus prêt encore à les prévenir. Comme il avait habité quelques années Paris, et que son esprit chercheur lui avait fait dévoiler bon nombre de mystères, il promettait de me fournir une ample moisson de curieux renseignements. On verra dans la suite de ce récit que je ne plaçais pas trop de confiance en ce jovial compagnon.

Le cours que nous suivions était traversé par une foule de personnes des deux sexes d’une élégance irréprochable. Seulement, je remarquai avec étonnement que les hommes affectaient pour la plupart d’avoir la vue basse, qu’ils portaient presque tous des binocles et agitaient devant eux une canne comme un aveugle son bâton. Quant aux dames, je fus surpris du luxe qu’elles déployaient, et je pensai que des femmes qui affichaient de telles parures dans les promenades de-