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Francœur m’observait malicieusement.

— Nous sommes sans doute, lui dis-je, chez un grand personnage, ou du moins chez un homme riche ?

— Vous n’êtes, me répondit-il, que dans un salon bourgeois, section des employés.

— Mais, fis-je, les employés sont d’heureux mortels ; le gouvernement les traite magnifiquement, pour qu’ils se puissent permettre un luxe pareil.

— Erreur, trois fois erreur, aimable Japonais, reprit Francœur ; le maître de cette maison de si opulente apparence, quoique occupant un poste dit supérieur, ne touche pas 4,000 francs d’appointements ; de fortune personnelle, il en a peu ou point ; sa femme est parfaitement mise, comme vous le voyez, et lui-même (Francœur me désignait un gros personnage appuyé sur le chambranle de la cheminée) paraît comblé de toutes les faveurs de la fortune : sa santé est florissante ; sa boutonnière est ornée d’une foule d’ordres, décorations qu’il a bien gagnées, soyez-en sûr, par dix années d’immobilité sur un fauteuil rembourré.

— Il faut, repris-je, qu’on s’attende à quelque banquet à la suite de la danse, car je m’explique de moins en moins la fête que voilà !

— C’est une exposition de petites vanités ! Ne cherchez pas ailleurs le motif de cette réunion. Ce luxe apparent cache bien des misères ! Le sot orgueil de ces