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d’Afrique, vient on ne sait d’où ; quelques jeunes écervelés, une coquette, une danseuse de corde, une fille libre, l’imposent, et chacun s’y soumet sans murmurer.

Et tenez ! ne faut-il pas à toutes ces femmes une furieuse rage de la suivre — cette mode, — pour étaler ainsi ces épaules osseuses ou ces poitrines si contraires aux proportions des statues antiques ? Ne serait-il pas plus adroit et de meilleur goût de laisser l’œil en suspens plutôt que d’étaler aux lumières tant de difformités ?

Mais revenons à cette femme qui vous étonnait tout à l’heure : elle est connue pour sa piété ; elle est tout en Dieu.

— Pas ici, répliquai-je.

— Ah ! fit mon guide, n’allez pas la juger faussement ; elle sait admirablement allier le plaisir et la religion, voilà tout ; livrée au monde aujourd’hui, demain elle sera tout à l’Église. Elle s’y consacrera avec ferveur : elle est dame de charité, membre de toutes les corporations et fondatrice de plusieurs ordres que je ne saurais vous nommer. Allez la voir et dites-lui que les petits Japonais sont exposés aux pourceaux et que ces jeunes âmes réclament son assistance ; elle réunira quelques bonnes amies, et le directeur spirituel recevra ensuite des sommes que ne toucheront jamais vos petits martyrs.

— Martyrs vous-mêmes ! fis-je avec dépit ; nous