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n’exposons point nos enfants et nous n’avons de martyrs au Japon que ceux qui violent les lois.

— C’était un exemple, me répondit Francœur ; mais allez dire à cette même femme que son frère se meurt de misère ; qu’il a faim, qu’il a froid, qu’il souffre, en un mot, et qu’il réclame son assistance : « C’est un paresseux, répondra-t-elle, c’est un impie ; qu’il meure dans l’impénitence finale. »

Cette dame de charité se donne pour sainte mission de consoler les malades ; l’autre jour, elle visitait l’hôpital ; passant devant le lit des pauvres délaissées, elle demandait à chacune d’elles la cause de sa souffrance : « Et vous, disait-elle à l’une de ces malheureuses, vous avez un enfant ? — Oui, madame. Et le père, qu’est-il devenu ? — Il m’a abandonnée. — Voilà ce que c’est que la mauvaise conduite ! C’est Dieu qui vous punit, mon enfant. »

Et elle poursuivait ses visites.

Trop de ces femmes savent, par d’habiles compromis, marier les plaisirs et les pratiques religieuses ; Ces pratiques les acquittent à leurs yeux, mais ne les changent pas ; chaque jour les voit retomber dans les mêmes fautes, et Dieu, qu’elles ne prient que du bout des lèvres, ne saurait transformer leur cœur.

En ce moment passa devant nous une jeune fille blanche et rose, ravissante, belle comme une houri dans un rêve d’opium ; elle me rappelait la première