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« Je poursuis. Quel est le premier peuple d’Occident ? Est-ce la nation anglaise, qui, semblable à l’albatros affamé et rapide, parcourt incessamment le globe, becquetant ici des îles, là des ports, plus loin ne faisant qu’une bouchée de territoires immenses et ne se lassant jamais de voler ? Est-ce le peuple hollandais, qui, malgré toutes les vexations que nous lui avons fait endurer, persiste à nous acheter nos denrées ? Seraient-ce les peuples espagnols et portugais, jadis maîtres de la moitié de la terre ? Sont-ce les Français, ces hardis guerriers qui font de la géographie héroïque à travers le monde, et qui ne savent pas garder de colonies profitables ? Parle.

« Maintenant, pénétrons dans un champ plus restreint. On me fait part d’incessantes querelles entre la France et l’Angleterre, qui, tout en s’embrassant diplomatiquement sur les deux joues trois à quatre fois par année, se déchirent et se vilipendent comme Mandchoux et Chinois. Est-il juste, en vérité, que les Anglais se donnent le méchant plaisir d’injurier constamment la France, qui a bien voulu vaincre à leur place en Crimée et dans le Céleste-Empire ? Croiraient-ils que l’ingratitude est un acte d’indépendance politique ? Que faut-il penser, illustre ami, de toutes ces rumeurs ?

« Si ton pinceau trouve autre chose à me dire, qu’il s’amuse à courir, je serai toujours tout oreilles, comme