Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les dames sortent à toute heure et marchent aussi bien que nos meilleurs fantassins ; on les voit danser avec des étrangers, saluer familièrement dans les promenades et dans toutes les voies. Quant aux hommes, ils fatiguent à chaque instant leur coiffure en rencontrant leurs semblables.

« Certains Européens s’informent des nouvelles de leurs frères en leur demandant s’ils sont en vérité bien debout[1] ; d’autres, tels que les Hollandais, qui ont un entrepôt à Désima, s’interrogent plus sagement sur la nourriture qu’ils ont prise et se disent : Smakelyk eten ? « Avez-vous dîné ? » Certain peuple qui ressemble beaucoup aux Français par la tournure de son esprit, et que la puissante Russie a soumis à son joug, compte dans l’extrême Occident un très-grand nombre de représentants qui semblent prendre fort gaiement leur parti de ne plus avoir de patrie ; ils abordent les étrangers avec une grande courtoisie ; un d’eux me dit un jour : Padam do nog, ce qui me fut expliqué par ces mots : « Je tombe à vos pieds. » Je m’attendais à le voir se courber devant moi, mais il n’en fut rien ; le barbare s’approcha d’une autre personne en lui lançant les mêmes paroles et sans plus obéir à ce qu’il avançait.

  1. Allusion probable au Comment vous portez-vous des Français, au Come sta des Italiens, au Como esta V. des Espagnols.