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« Du reste, en cette matière comme en bien d’autres, il leur arrive rarement de faire ce qu’ils disent ; ainsi les Espagnols, qui, suivant un de leurs grands hommes, ont l’apparence de la sagesse, tandis que les Français, qui n’en ont pas l’apparence, en ont la réalité, les Espagnols se présentent parfois devant les dames en disant : Beso a usted los pies « Je vous baise les pieds, » ce qui me paraît d’une politesse sotte, exagérée, basse, vile et malsaine. Encore, si les pieds des dames européennes ressemblaient à ceux des femmes de mandarins, s’ils étaient petits, potelés, faits à l’image des pieds des jeunes chats ; mais ils sont larges, longs, maigres, plats et endurcis à toutes les fatigues !

« Je n’épuiserai pas la série des usages insensés des Européens lorsqu’ils écrivent à un pauvre diable, qu’ils maltraitent d’ordinaire et gourmandent d’importance, ils n’oublient jamais de se déclarer son très-obéissant serviteur ; ils s’intitulent journellement les très-humbles valets d’une foule de gens qu’ils n’ont jamais connus, et ne pensent pas un mot de ce qu’ils disent. Avec les Européens, je le répète bien franchement, il vaut mieux se cautériser la langue et se brûler les lèvres que de chercher à expliquer leur façon d’agir.

« Ah ! cher Tsoutsima, que de barbarie dans cette prétendue civilisation ! que de folies commises par des peuples jugés sages ! — Tu réclames de moi le tableau