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coups de poignard, d’empoisonnements, de grandes et de petites lâchetés, ce pays n’a rien à envier aux autres puissances. Sous les premiers rois, la monarchie fut en guerre ouverte avec les grands seigneurs du voisinage. On se tuait, on s’écharpait de la plus généreuse façon. Deux souveraines se mirent de la partie et s’en acquittèrent tout aussi bien que leurs maris. J’arrive à une suite de principicules qui chérissaient tellement le sommeil et toutes les voluptés, qu’un surnom les flétrit tous aux yeux de la postérité. Les derniers de ces rois avaient des serviteurs fort intelligents, qui se dirent à peu près ce que se répètent les gens du bas peuple dans ce royaume fictif dont parle le joyeux conteur Mazulapikoto : « Ils ont des bras, et nous en avons ; ils s’en servent pour caresser leur barbe soyeuse et leurs longs cheveux, tandis que nous, maudit soit la fatalité ! nous les employons pour retourner durement le sol ou pour faire des métiers dont souffre cruellement notre corps. Leur savoir est médiocre : ils ne connaissent ni les étoiles qui peuvent guider les marins, ni les sciences qui mettent sur la voie des découvertes ; ni les lettres, ni les arts, qui font aimer la vie et sont la gloire des empires. — Nous, l’expérience nous vieillit dès notre âge le plus tendre ; notre cerveau se bourre de sciences multiples, nous arrachons au ciel et à la terre tous ses secrets, et il nous faut courber la tête devant des maîtres ignorants !