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se faire dire par le géant où il a caché son âme, sa vie ; moyen plus ou moins compliqué par lequel le libérateur s’empare de l’objet contenant cette âme et peut ainsi faire périr le géant, nous retrouvons tous ces traits des contes indiens dans des contes devenus européens[1] ; mais partout (comme dans la Variante indienne 11 et dans le second conte tibétain), la captive n’est retenue chez son ravisseur que par la certitude d’être rattrapée par lui, si loin qu’elle puisse s’enfuir. Rien de la femme momentanément décapitée, mise en état de catalepsie, ou frappée d’immobilité ; rien, absolument rien, du moins à notre connaissance.

Serait-ce donc que, pour se faire accepter chez nous autres Occidentaux, ce thème, même atténué, était trop exotique ? Mais, à dire vrai, on en a accepté de bien singuliers dans notre Occident, et, sans s’écarter beaucoup de notre sujet, les prochaines sections de cette Étude ajouteront encore à ce qui a déjà été constaté en ce genre. Le petit problème reste donc à résoudre, du moins pour le moment.


A (bis). — Excursus I


la pantoufle de cendrillon dans l’inde


L’épisode de la pantoufle perdue par Sodeva Bâî, l’héroïne du conte indien du Dekkan, résumé vers la fin de notre section A, ne se rapporte qu’indirectement et par simple juxtaposition à l’un des thèmes des contes maures que nous étudions. On nous permettra pourtant de ne pas laisser passer cette occasion, — qui ne se représenterait peut-être pas, — de traiter la question de la pantoufle de Cendrillon dans l’Inde ; car il existe, chez les folkloristes, une telle question.

  1. Voir, par exemple, les remarques de notre Conte de Lorraine n° 13, et particulièrement la page 173.