Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le gouverneur la remarqua, il la reconnut ; son fils lui avait souvent parlé d’elle, et le portrait qu’il en avait fait ne pouvait ressembler qu’à Élisabeth.

« Mademoiselle, lui dit-il, mon fils vous a connue ; vous lui avez laissé des souvenirs ineffaçables.

— Vous a-t-il dit, Monsieur, qu’elle lui devait la vie de son père, interrompit vivement Phédora ?

— Non, Madame, répondit le gouverneur ; mais il m’a dit qu’elle donnerait la sienne pour son père et pour vous.

— Elle la donnerait, reprit Springer, et cette tendresse est le seul bien qui nous reste, le seul que les hommes ne pourront jamais nous ravir. »

Le gouverneur détourna la tête avec émotion ; après un court silence, il reprit la parole, en s’adressant à Élisabeth.

« Mademoiselle, il y a deux mois que mon fils, étant à Saïmka, reçut l’ordre de l’Empereur de partir sur-le-champ, pour rejoindre l’armée qui se rassemblait en Livonie ; il fallut obéir sans délai. Avant de me quitter, il me conjura de vous