Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/21

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elle, et que la terre n’offrira pas deux fois. Mais ou trouver des couleurs pour la peindre ? Il en est de fraîches pour la beauté, de suaves pour les grâces, de brillantes pour l’esprit ; mais pour ce charme pénétrant qui savait tout enlacer, et faire aimer jusqu’à ses défauts, où en est-il ?

Ce n’est point en disant ce qu’était, mais ce qu’inspirait Malvina, qu’on pourrait la faire connaître ; ce ne sont point les éloges qui accompagnaient son nom, mais l’émotion avec laquelle on le prononçait, qu’il faudrait rendre. Tout être qui, admis dans son intérieur, avait pu la voir et l’écouter, éprouvait, en pensant à elle, un sentiment différent que pour toute autre personne, et dont il ignorait le nom ; car ce qui plaisait le plus en elle n’en avait point : avec beaucoup d’esprit, elle possédait quelque chose de mieux qui le faisait oublier ; et tandis que beaucoup de femmes s’enorgueillissent des louanges qu’on donne au leur, Malviua aurait beaucoup perdu si on avait pensé au sien.