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Page:Coubertin - Conférence faite à la Sorbonne au Jubilé de l’U.S.F.S.A. (Manuscrit de novembre 1892).pdf/8

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à deux résultats : doser l’exercice et le localiser ». Pour vous donner une idée de la hardiesse de cette gymnastique médicale basée sur une étude particulièrement approfondie du système musculaire, je vous dirai qu’elle traite par l’exercice et les différents massages qui en sont les corollaires, même des maladies de cœur. Les résultats paraissent excellents et depuis plus d’un demi-siècle les Suédois ne se lassent pas d’aller chercher la santé dans les Instituts. La Fontaine aurait donc menti et le boire et le dormir peut se vendre au marché comme le manger et Cela seul vaut qu’on s’en occupe mais les amateurs d’exercices physiques ne se recrutent pas d’ordinaire parmi les malades. C’est aux bien portants que nous avons affaire. Que la gymnastique Suédoise veille sur les jeunes enfants à l’âge [?] où se forment surtout où sont à craindre les déviations et les difformités, qu’on lui mène les malades et qu’enfin elle offre aux vieillards des exercices en rapport avec ce qui leur reste de force, voilà qui est bien. Mais qu’elle ne prétende pas exercer le pouvoir dans l’empire des jeunes ; ils ont besoin précisément de deux ce qu’elle répudie : l’effort et l’émulation. L’effort ne s’obtient chez elle que par l’amplitude, jamais par l’énergie du mouvement ; on y touche l’atteint lentement, jamais brusquement. Et quant à l’émulation, c’est un dogme pour elle que les hommes ne doivent pas se comparer entre eux, mais seulement à eux-mêmes.

Obtenez donc de nos jeunes athlètes qu’ils renoncent à l’effort et à l’émulation ; il faudrait retirer d’abord tout le sang de leurs veines ; tant qu’il leur en restera une goutte, ils la mettront au service de ces n’y renonceront pas, j’en réponds. En vérité cela ne leur faire donner pareils préceptes, ce serait se moquer d’eux ; et cela rappelle par trop cette caricature de Cham : « amuse-toi bien, mon enfant, disait une mère à sa petite fille en la lâchant dans le jardin des Tuileries, mais surtout prends bien garde de n’avoir ni chaud ni froid, de ne pas friper ta robe, de ne pas salir tes bottines, de ne pas défriser tes cheveux et de ne pas dénouer ta cravate. »

Il y a en Suède même un parti de révolutionnaires réformateurs qui travaillent à viriliser, si je puis ainsi dire, la gymnastique Suédoise ; on les regarde avec cette indignation mêlée d’intérêt qu’attirent partout et toujours les révolutionnaires ; ils auront le dessus