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la révolution francaise et l’empire

des cas par les administrateurs de la monarchie. Il est advenu qu’en ce temps on a souvent fait mine d’enfoncer avec fracas des portes déjà ouvertes. C’est à Philadelphie en 1776 qu’avait été publiée la véritable charte de la liberté et c’est à Genève sous Calvin qu’avait été élaborée la première « constitution civile du clergé ». La Convention a été également considérée comme ayant réalisé l’unité nationale. Elle se borna à la proclamer. Aulard a très justement appelé l’attention sur le caractère municipal de cette unification qui remonte au mois de juillet 1789. La municipalité de Paris s’était, au lendemain de la destruction de la Bastille, organisée de façon ingénieuse par une sorte de fusion de rouages existants avec le pouvoir issu de l’insurrection. Cet exemple fut suivi par la plupart des villes et s’étendit même aux campagnes. Cela n’alla pas bien entendu sans désordres locaux. Mais on doit admirer qu’il y en ait eu aussi peu. Dans l’ensemble un bon esprit présida à cette transformation accomplie avec une étonnante célérité et que vint appuyer la création de la garde nationale. Le mouvement trouva son terme et sa glorification dans la fameuse « fête de la Fédération » célébrée au champ de Mars à Paris le 14 juillet 1790, la seule des journées révolutionnaires qui mérite vraiment d’être honorée.

Au printemps de 1792 la guerre fut déclarée à l’Autriche bientôt appuyée par la Prusse. Insuffisamment prête, son corps d’officiers désagrégé par l’émigration, l’armée française commença par éprouver des revers. Les Allemands s’emparèrent de Verdun. Mais bientôt les victoires de Valmy et de Jemmapes ouvrirent aux Français la voie de faciles conquêtes. Chambéry, Nice, Mayence, Francfort, Mons, Bruxelles, Liège acclamèrent leur venue libératrice. Cette lune de miel dura peu. On ne s’entendit pas. L’étranger réagit. L’exécution de Louis XVI vint solidariser les inimitiés. Animée par l’Angleterre, toute l’Europe se dressa contre la France qui se trouva envahie de plusieurs côtés tandis que la Vendée royaliste se soulevait. Les troupes que les émigrés avaient formées participaient à l’invasion. Le peuple français écrivit alors la plus belle page de son histoire, page dont le verso continua malheureusement d’être tâché par les crimes de ses dirigeants. Un homme se rencontra, Carnot qui, avec quelques collaborateurs dignes de lui sut mettre sur pied douze cent mille hommes répartis en quatorze armées, dresser les plans de campagne, assurer la défense des places fortes, improviser l’armement et le ravitaillement. Un patriotisme absolu, unique, capable d’alimenter non seulement l’héroïsme quotidien