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et le congrès de berlin.

rences diplomatiques auxquelles la question d’Orient fut tant de fois soumise et qui ne surent même pas en régler les incidents les moins importants. Ce fut une grande assemblée ; les États y étaient représentés par les plus avisés et les plus habiles de leurs hommes d’État : le prince Gortchakow, lord Beaconsfield, le prince de Bismarck, le comte Andrassy[1]. C’était, pour l’empire d’Allemagne, le premier acte solennel d’arbitrage européen, c’était aussi pour la République française la première entrée dans l’aréopage des grandes puissances. M. Waddington[2], ministre des affaires étrangères, ne voulut confier à personne le soin de parler au nom de la France en cette circonstance. Mais avant de se rendre à Berlin, il tint à définir nettement devant la Chambre la politique de franchise et d’équité dont il allait s’inspirer, — cette politique « des mains nettes », dont Gambetta s’était déjà réclamé. Malgré qu’elle fût peu féconde en résultats immédiats, la majorité, dans le Parlement comme

    la liberté d’aller jusqu’au bout sans avoir à redouter d’intervention. Or « M. de Bismarck mit la Russie dans l’impossibilité de relever le gant jeté par l’Angleterre ». Debidour, Histoire diplomatique, t. ii.

  1. Les plénipotentiaires furent pour l’Angleterre : lord Beaconsfield, lord Salisbury et lord Odo Russell ; pour l’Allemagne : le prince de Bismarck, M. de Bulow et le prince de Hohenlohe-Schillingfürst ; pour l’Autriche : le comte Andrassy, le comte Karolyi et le baron de Haymerlé ; pour la France : M. Waddington, le comte de Saint-Vallier et M. Desprez ; pour la Russie : le prince Gortchakow, le comte Chouvaloff et le conseiller d’Oubril ; pour l’Italie : le comte Corti et le comte de Launay ; pour la Turquie : Caratheodory-Pacha. Mehemed Ali-Pacha et Sadoullah Bey.
  2. M. Waddington avait pris le portefeuille des affaires étrangères dans le second ministère Dufaure constitué en décemhre 1877, et qui dura treize mois. Il devint président du conseil au lendemain de l’élection de M. Grévy, conserva leurs portefeuilles à MM. de Marcère, Léon Say, de Freycinet et le général Gresley, et s’adjoignit MM. Le Royer, Jules Ferry, Lepère et l’amiral Jauréguiberry.