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l’alerte de 1875

de M. Grévy, l’instabilité des ministres des affaires étrangères, les violences de langage des députés, l’épuration des fonctionnaires, l’expulsion des congrégations ; elle ne trouva à tout cela aucun motif rationnel ; il lui parut que le gouvernement s’abandonnait, que les esprits se dévoyaient, et dans les audaces intempestives du conseil municipal de Paris elle entrevit la menace d’une seconde Commune, plus redoutable et mieux obéie.

La guerre de Tunisie nous brouilla avec l’Italie et les affaires d’Égypte avec l’Angleterre ; il y eut encore l’incident Hartmann qui indisposa la Russie[1]. Ce fut, pour notre diplomatie, une période d’effacement à la fois et de difficultés incessantes. La prudence qu’on leur recommandait de Paris, les représentants de la France furent enclins à l’exagérer, doutant eux-mêmes de la stabilité de ceux au nom de qui ils parlaient. Patriotiquement, ils s’efforcèrent d’atténuer du moins l’effet des mesures d’ordre intérieur qui inquiétaient les autres nations et de bien pénétrer les chancelleries de cette idée que la France ne considérait pas les doctrines républicaines comme devant faire, de la part de son gouvernement, l’objet d’un commerce d’exportation. Ils n’étaient pas toujours parfaitement secondés dans leur tâche par les jeunes gens qui remplissaient auprès d’eux les fonctions de secrétaires et d’attachés, et dont quelques-uns, demeurés dans la carrière sous un gouvernement qu’ils servaient à regret, se

  1. Il s’agissait d’un réfugié accusé de participation à l’attentat de Moscou ; l’identité n’était pas établie ; nous refusâmes l’extradition. Le départ du prince Orloff, coïncidant avec cette affaire, donna à penser que le gouvernement impérial nous en voulait : pourtant Hartmann se rendit à Londres et n’y fut plus inquiété (1881).