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la tunisie et l’égypte.

Sfax fut bombardé et pris ; on s’empara de Gabès, puis de Kairouan, la ville sainte, sur laquelle s’opéra une marche concentrique en trois colonnes. Bientôt tout le pays se trouva occupé ; l’artillerie fut à la hauteur de sa tâche, et les services administratifs fonctionnèrent de façon à donner confiance en l’avenir ; à l’étranger, les spécialistes suivirent avec un vif intérêt ce premier essai de nos armes nouvelles. L’opinion, en France, trouvait la bataille politique plus instructive et plus intéressante.

Les élections donnèrent, en apparence, une puissante majorité au cabinet Jules Ferry, puisqu’elles ramenèrent 454 députés républicains au Palais-Bourbon. Nous verrons quel mandat avaient reçu ces nouveaux élus et comment le ministère, loin d’en être fortifié, s’en trouva affaibli. Mais ce à quoi on ne pouvait logiquement s’attendre, c’était à la continuation, en ce qui concerne la Tunisie, d’un état de choses que l’agitation du scrutin avait, seule, rendu compréhensible, sinon excusable. La presse avait si bien envenimé la querelle que l’expédition demeura ridiculisée. On continua de la considérer comme une « guerre électorale ». Lorsque, le 28 octobre 1881, la nouvelle Chambre se réunit, le président d’âge se leva et demanda un peu de silence. « Il désirait donner lecture d’un télégramme important que le gouvernement avait reçu de Tunis. On écoute. Kairouan est entre nos mains. L’insurrection est à la veille de se voir étouffée. Nous en avons fini, sans effusion de sang, en quelques semaines… Comment accueille-t-on cette nouvelle ? Par un éclat de rire. Le président est étonné ; on rit plus fort. Hilarité, rires, bruyante hilarité, constatent les journaux. Quelqu’un crie : « La comédie a