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le ministère jules ferry.

quelles l’État s’était laissé acculer avant de contracter avec elles et du moment où on ne voulait pas se résigner à arrêter les travaux[1] ».

Sans parler des déclamations violentes contre la « ploutocratie » et la « féodalité industrielle », ni des accusations de chantage et de « pots-de-vin », que certains journaux prenaient l’habitude de lancer à tort et à travers contre le gouvernement, il y eut assaut donné par les partisans du rachat des chemins de fer par l’État. Parmi ceux-là, M. Allain-Targé soutenait ingénieusement qu’il suffirait de racheter l’Orléans, pour briser le faisceau redoutable des six grandes compagnies, l’Orléans qui « touchant à l’Ouest, dominant le Midi, longeant le Paris-Lyon, eût autorisé toutes les expériences, toutes les améliorations, hors des considérations étroites de l’intérêt privé ». Malgré les répugnances de beaucoup de députés à émettre un vote qui pouvait leur être reproché dans la suite, une majorité moyenne de 200 voix appuya le gouvernement pour le vote des six conventions, et le cabinet Ferry sortit avec honneur de cette laborieuse session, ayant refait la majorité, sans rien sacrifier de son programme, et n’ayant été mis en minorité sur aucun sujet important[2]. Les élections aux conseils généraux se ressentirent de ce résultat : dans huit départements, la majorité passa de droite à gauche ; un seul socialiste fut élu dans la Nièvre[3].

  1. André Daniel. L’année politique. 1883.
  2. Un seul scrutin atteignit personnellement le ministre de la marine qui, souffrant d’ailleurs, se retira et fut remplacé par l’amiral Peyron.
  3. Après les élections de 1874, les conseils généraux comprenaient 1,469 républicains et 1,531 conservateurs ; après les élections de 1877, 1,607 républicains et 1,393 conservateurs ; après les élections de 1880, 1,906 républicains et 1,004 conservateurs ; après les élections de 1883, 2,129 républicains et 869 conservateurs.