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le ministère jules ferry.

Les ennemis du ministère l’eussent volontiers attaqué sur sa politique extérieure ; mais ils craignaient de froisser le sentiment public, qui commençait à se montrer ombrageux sur ce chapitre-là. Le 13 mars 1883, M. Mancini avait donné à entendre au parlement italien qu’une alliance régulière unissait l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Cette révélation avait fait le tour non seulement de la presse universelle, mais des parlements d’Europe. À Budapest, M. Tisza avait été interrogé ; à Westminster, on avait demandé des explications au gouvernement, et nous avons vu plus haut la belle réponse de M. Challemel-Lacour à une question que lui posait, à ce sujet, le duc de Broglie. Le ministre des affaires étrangères rencontrait maintenant sur ses pas la diplomatie anglaise, empressée à contrecarrer notre action[1] ; par contre, notre réveil colonial semblait nous valoir les sympathies de l’Allemagne, soit que le prince de Bismarck fût satisfait d’entrevoir sur l’horizon français des préoccupations et peut-être des complications lointaines, soit qu’il nourrit l’espoir d’annexions futures, plus faciles à germaniser que l’Alsace-Lorraine. On fut donc surpris par les brusques attaques de la presse allemande, à propos d’un voyage du ministre de la guerre dans l’Est. Les membres du Reichstag furent soudainement convoqués tandis que les journaux se livraient à un véri-

  1. Non pas seulement en Tunisie, à propos de la suppression des capitulations, mais aussi à propos de la nomination du gouverneur du Liban ; les pouvoirs de Rustem-Pacha allaient expirer ; il s’était montré très hostile à la France qui s’opposa à leur renouvellement, Le candidat présenté par la Porte fut agréé par la France, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, écarté sans prétextes plausibles par l’Angleterre et la Russie, favorables à Rustem-Pacha. La France, appuyée par l’Autriche et l’Allemagne, eut raison de cette opposition.