Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
147
le ministère jules ferry.

table débordement d’injures et de calomnies contre la France ; le Diritto, le Daily News, et même la Epoca, s’associèrent à la campagne menée par la Gazette de l’Allemagne du Nord. Le Times s’aperçut, le premier, que rien ne la justifiant ; en France, d’ailleurs, l’opinion ne s’émut pas, et la presse conserva un calme surprenant. Le Reichstag reçut communication… d’un simple traité de commerce avec l’Espagne, et tout se calma. Ces alertes sur lesquelles on basa tant de conjectures semblent avoir été des coups de sonde que le chancelier aimait à jeter dans l’opinion, pour se rendre compte de son degré d’inflammabilite ; elles avaient le double avantage, à ses yeux, de le bien renseigner et d’entretenir dans le reste de l’univers l’impression que la France menaçait, seule, le repos général.

L’extrême gauche, toutefois, organisa à l’occasion de la visite à Paris du roi d’Espagne une manifestation qui donna à la presse une occasion malheureuse de détruire le bon effet produit pas son attitude. Le voyage d’Alphonse xii en Autriche et en Allemagne ayant paru éveiller, en France, quelques susceptibilités, le jeune souverain, qui aimait fort notre pays, résolut de s’y arrêter au retour. Il y arriva, venant de Berlin où, suivant l’usage, l’empereur Guillaume l’avait nommé colonel honoraire d’un régiment allemand. Or ce régiment tenait garnison à Strasbourg. Il n’en fallut pas davantage pour permettre aux fauteurs de désordre d’accomplir leur détestable besogne. Alphonse xii, arrivé le 29 septembre à Paris, traversa la capitale au milieu des injures : on le désignait sous le sobriquet de « Roi Uhlan ». Le Président de la République dut se