celui-ci recouvra son héritage, mais il étendit sa domination sur tout le Tonkin où les ingénieurs français édifièrent ces mêmes fortifications dont nos soldats ont dû depuis s’emparer à travers mille périls. La mort du prélat patriote, resté le confident de Gia-Long, marqua le déclin de l’influence française (1798) ; un demi-siècle se passa, et le souvenir de Pigneau de Béhaine était déjà bien effacé lorsqu’en 1858, à la suite du massacre de missionnaires français et espagnols et de l’échec d’une mission pacifique confiée à M. de Montigny, l’amiral Rigault de Genouilly, à la tête d’une expédition franco-espagnole, s’empara de Tourane, puis de Saïgon (1859). En 1862, après quelques victoires de nos armes, assez chèrement achetées d’ailleurs, le célèbre Tu-Duc consentit à signer le traité de Saïgon[1]. Une ambassade envoyée au Cambodge obtint de Norodom l’établissement du protectorat français. Enfin le capitaine Doudart de Lagrée, ayant exploré le cours du Mékong et traversé le Laos, reconnut le Song-Koï ou fleuve rouge pour la voie naturelle par laquelle la pénétration en Chine pouvait s’accomplir[2].
Après la guerre de 1870, la « question du Tonkin » se posa tout de suite ; on ne pouvait l’éluder sans fermer à nos possessions d’Indo-Chine tout débouché vers l’intérieur et sans abandonner à d’autres des avantages précieux qui étaient à notre portée. Un négociant, M. Dupuis, s’installa à Hanoï, où il fut molesté par les Annamites ; cette même année, l’amiral Dupré confia une mission au lieutenant de