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l’éducation.

daire a été amélioré après une série de tâtonnements et d’expériences de détail. Ce qui l’a le mieux servi, c’est peut-être la concurrence des établissements libres ; mais on n’a eu pour lui ni grandes ambitions, ni audaces généreuses. L’enseignement supérieur, enfin, a subi une transformation radicale qui, discrètement, mais résolument conduite, n’a été aperçue du public qu’au moment où elle s’achevait par la reconstitution des universités régionales.

Il entrait une sorte de confiance naïve dans l’ardeur avec laquelle les républicains entreprirent la réforme de l’enseignement primaire. Dans un discours célèbre prononcé à Belleville, le 12 août 1881, Gambetta appela l’école « le séminaire de l’avenir », « celui d’où sortiront des citoyens mûrs pour les difficultés de la vie intérieure et prêts aussi pour le service extérieur de la France ». Tous ceux qui travaillaient avec lui au relèvement national partageaient son enthousiasme ; ils aimaient à se répéter que le maître d’école allemand prépara la revanche d’Iéna et entrevoyaient les jeunes générations groupées autour d’instituteurs préoccupés uniquement d’associer leurs élèves aux espérances du lendemain, de les rendre aptes aux saintes besognes, aux forts labeurs qui leur semblaient réservés. Pour exécuter ce programme, il fallait, avant tout, réaliser l’unité de pensée et de sentiment, il fallait créer, en quelque sorte, une « âme collective » qui serait celle de la jeune France. La religion et la monarchie étaient, à ce moment-là, trop étroitement unies pour que la République pût confier en sécurité l’éducation de ses fils aux congrégations enseignantes ; mais, d’autre part, les